Je suis née 21 octobre 1989 à Londres par une journée orageuse et bien moche ,le genre de jour où t'as juste envie de te blottir dans ton lit,ton mac portable sur les genoux pour regarder une série merdique .Eh bien non ! A la place , Mary-Jane Jones hurlait de douleur car son bébé ne voulait pas sortir .Une césarienne fut de rigueur au grand dépit de la jeune femme dont le visage était devenue livide . Une césarienne? Pour ce bébé,non cette fille en plus , même pas désirée,qui lui empêcherait d'assister au bal donné par les Miller quelques jours plus tard ? Ah oui , Mary avait fait son calcul au grand dépit de son mari ,Frank Levis ,qui ne pensait qu'à la santé de la petite .
Et finalement j'arrivai . Dès les premières secondes de ma vie , ma mère ne voulut pas de moi . On est d'accord que normalement , toute mère ,dite normale , à la suite de l'accouchement , veut partager des moments intimes avec son enfant ? Eh bien ce ne fut pas le cas , puisqu'elle me confia directement aux soins d'une nounou ,tandis qu'elle émettait des grimaces qui déformait son beau visage dont elle était si fière ,à chaque mouvement , à chaque pas qu'elle faisait en direction de l'appartement , accompagnée de son mari et du majordome . Détrompez-vous , Mary n'était pas une femme cruelle .En tout cas , pas avec tout le monde . Elle aimait la vie de famille .La preuve avec son premier enfant , un fils , James , elle faisait preuve de douceur et d'un sens de la maternité irréprochables . Il n'y a que deux ans d'écart entre James et moi . Lorsque papa est arrivé avec le petit bébé tout blanc aux cheveux noirs , tandis que "mère" ,comme elle aimait qu'on l'appelle ,du moins ,en public , s'était empressée de se retirer dans sa chambre pour observer les cicatrices causées par ma faute . Pas qu'elle ait eu ne serait-ce que l'intention d'exhiber son ventre , mais elle tenait tellement à son corps parfait qui l'avait rendue si unique dès ses "débuts de jeune fille " , son entrée dans le monde.

Ma mère ne s'occupa pas de moi . Selon elle , je n'avais aucunement besoin de maternité ,tandis qu'elle cajolait mon frère ,en lui adressant des regards affectueux à longueur de journée . "Son grand garçon" ,comme elle aimait l'appeler .Heureusement , Frank ,mon père ,était là . Malgré son travail très prenant (diplomate) qui était à l'origine de ses nombreux déplacements à l'étranger , il trouvait toujours du temps à me consacrer . Il m'appelait par tous les surnoms possibles jusqu'à ce qu'il en décide finalement un ,"Ady" . Désormais , j'étais Ady , non plus Adele . Ma mère trouvait cela bien sur exaspérant et l'accusait de me préférer à James ,qui lui , avait nécessairement besoin de la présence de son père .
Puis Mary-Jane tomba enceinte , et un an plus tard , en octobre , une petite fille naquit . La déception se lisait sur le visage de la jeune femme . Elle aurait tellement voulu avoir un second fils ! Et c'est ainsi que Molly-Jinn fit son apparition dans notre vie .
Je ne sais pas si c'est parce que nous n'avions qu'un an d'écart ou bien parce que nous étions toutes les deux pas trop aimées par notre mère ,mais j'adorais littéralement ma soeur . J'avais l'impression d'avoir une jumelle, une sorte de meilleure amie . Quant à James , je l'aimais beaucoup également . Seulement ce n'était pas la même chose : il prenait son rôle de grand frère très au sérieux et nous surprotégeait , on reconnaissait bien l'autorité de Mary dans son caractère . Il détestait qu'on lui réponde , qu'on remette en cause ses décisions . Il était le grand-frère , et nous étions les petites soeurs . Il décidait , et non pas le contraire .
J'avais un caractère pourtant bien trempé . Je parlais sans cesse pour ne rien dire , je riais à longueur de journée , mais j'étais aussi extrêmement têtue . Lorsque j'avais une idée en tête , je voulais l'appliquer , je n'en démordais pas ! Ce n'était pas exactement le même caractère que Molly qui était peut-etre plus égoïste ,et plus rebelle que moi . Au grand bonheur de notre mère ! Nous étions tout le temps fourrées ensemble , à faire les 100 coups , et nous nous amusions pas mal à faire tourner en bourrique cette pauvre nounou qui avait la dure tache de nous surveiller et surtout de nous éduquer puisque Mary n'allait surement pas s'en charger ; ce qui nous valut de bonnes fessées . Nous nous en foutions tellement ! Nous partagions cette complicité que seules des jumelles pouvaient connaitre ..

Au niveau scolaire , je n'étais pas excellente pour être honnête ! Ma mère en profita évidemment pour me rabaisser , mais franchement ..j'avais de l'argent et je le savais . Alors pourquoi faire des études ? C'était avec cette mentalité que j'entrai au collège privé très prisé des familles aristocrates anglaises telles que nous . Puis au fur et à mesure que les années passèrent , je découvrais que j'aimais les langues . Le français , l'italien , l'espagnol .. J'adorais pouvoir parler , utiliser des mots que les autres ne pouvaient comprendre , ça me donnait l'impression d'avoir un pouvoir ..c'était jouissif .

Avec le temps , le collège , le lycée ..viennent les années des premiers amours . L'horreur .Bon, okay , je fais genre ,mais en fait , j'avais toujours été une grande romantique dans âme . Je collectionnai les livres à 1£ qui racontaient tous une histoire d'amour impossible . Mon frère et ma soeur se foutaient pas mal de moi , mais moi , j'étais à fond dedans . Je m'imaginai que moi aussi,un jour , j'aurais une sorte de prince charmant qui malgré les obstacles insurmontables qu'il y'a entre nous ,parviendra à me voir , nos retrouvailles seraient déchirantes , nous nous embrasserions avec violence , tout ça évidemment , avec en musique de fond mon Ipod ,rempli de chansons d'amour tristes et niaises . J'avais une imagination débordante qui faisait que ,malheureusement , j'étais tout le temps déçue . Dès qu'un événement , tel qu'un bal ou une fete se profilait , j'imaginais tout à l'avance .De la robe aux embrasse , des danses aux cavaliers . Enfin , le jour J tant attendu arrivait et je me rendais compte que rien ne se passait comme je l'avais idéalisé . J'étais naïve . Et toute ma vie je le resterai .
Et c'était évidemment la meme chose avec les amours . Je me rendis très vite compte que les garçons , surtout à l'age de 16-17 ans , étaient vraiment des salauds . J'eu quelques histoires qui m'anéantirent . J'étais une fille également très sensible qui pensait que tout le monde ne voulait que son bien .
Les rapports avec ma mère ne s'arrangèrent guère . Elle m' insupportait ,c'était réciproque . Elle m'énervait avec ses manières qui dataient de 1920 , ses soit-disant principes ,et autres merdes qu'elle s'entêtait à nous répéter . Ses principes ? James n'avait qu'à les appliquer lui qui amenait une nouvelle fille chaque soir ! Ah oui mais lui c'était le fils parfait ,elle fermait les yeux . Je me retenais souvent de lever les yeux au ciel , trop fatiguée pour entendre de nouveaux reproches .
Quant à mon père ..je ne le voyais plus . Ou si , deux fois par mois ? Mais c'est super dis donc ! Cette complicité extrêmement fragile que nous avions partagée quelques années se brisa et il devint un étranger pour moi, un inconnu. Molly ne le connu presque pas et James s'en foutait . James se foutait de tout désormais , mais malgré tout , il tenait toujours autant à protéger ses petites soeurs ,ce qui me faisait toujours autant l'aimer . J'étais dans une famille tout sauf normal . Rien n'était comme les autres familles londoniennes. Ne serait-ce que notre richesse , la mentalité dans laquelle nous avions évoluée , rien n'était normal et je m'en rendais très vite compte en parcourant , à l'âge de 17 ans les rues d'un quartier pauvre londonien où je n'avais jamais mis les pieds ,après une fête organisée par des amis qui étaient des " nouveaux riches " comme les appelait ma mère . Ils n'avaient pas toujours vécu avec cette richesse dorée comme moi ,et avaient traversé de nombreux moments difficiles avant que leur père ne fit un un succès dans l'automobile , ou dans le cuir .
J'étais totalement abasourdie par ce que je voyais tout autour de moi . Des mendiants à tous les coins de rue , qui se battaient parfois pour un bout de pain , des immeubles dans un état pitoyable . Je me rendais compte qu'il existait un monde tout à fait différent du mien . Notre famille avait tout fait pour nous tenir éloignés de cette réalité .
Mes copains ne purent s'empêcher de sourire en voyant mon expression terrifiée .
Ouais Adele ,tu vois ..les gens ne vivent pas tous dans un 300 mètres carrés dans le quartier le plus prestigieux de Londres . , avait dit Jayson, mon meilleur ami,en tirant sur sa cigarette , Y'en a qui doivent se battre pour survivre , manger , faire manger sa famille . C'est pas tous les jours faciles . Nan en fait , rien n'est facile pour eux. Je me sentais particulièrement conne . Tellement que je sentais les larmes me monter aux yeux . Mais où est-ce que je vivais pour n'avoir jamais vu ça ? Avais-je donc été si aveugle pendant 17 longues années . Je ne dis rien et me contentai d'observer autour de moi . Puis , après trente minutes , Jay me tira vers lui pour me murmurer Aller viens . Il faut rentrer . On aurait jamais du te faire venir ici . Tu te sens trop mal , mais c'est pas de ta faute Ad' .Je voulais juste que tu prennes conscience que rien n'était rose pour tout le monde . Mais tu peux rien y changer . Et steplait , promets-moi de jamais revenir ici toute seule ,meme avec de bonnes intentions et tout . Les gens te boufferont .