Plus qu‘un battement de cœur par secondes. Un bruit sourd résonnant dans mes oreilles, d‘une telle forte que tous autres bruits ne me parvenaient plus. Une lumière aux creux de mes yeux, aussi vive que trouble. Mes jambes lourdes comme du bêton et mes genoux heurtant le sol avec force. Je ne sentais rien. L‘apocalypse ? Non, mon apocalypse. Ma bouche close, pétrifiée autant sous la peur que l‘horreur puis, un son lointain qui me parut familier. « Jazz ! Je suis venu dès que j’ai eu ton message… » Je sentis des bras s’enroulaient autour de mon corps encore tremblant. Est-ce que c’était la fin ? Je ne lui accordais pas même un regard, mes yeux étaient perdus dans le vide et, je ne pouvais bouger d’un millimètre. La nuit était noire et pourtant, cette lueur orange éclairait à elle seule toute une ruelle. Avais-je perdu mon énergie ? Mon sourire ? Aucuns gestes ne se fit, aucuns mots ne sortit, c’était comme ci mon cerveau ne m’obéissait plus. « Putain mais restes pas là ! » Je l‘entendais crier et, j‘avais envie de lui répondre mais, mise à par les larmes qui roulaient sur mes joues, rien ne se faisait. C‘était comme ci j‘avais perdu la vue, je ne voyais rien d‘autre que ce cauchemar. Finalement, il me prit par la main pour m’emmener plus loin, je regardais encore dernière moi et ne pensais à rien d’autre qu’à ce qu’il venait de se produire. « Qu’est-ce qu’il s’est passé ? » Si seulement j’avais la force d’expliquer. J’avais tout contrôlé dans ma vie mais cette fois-ci, c’était différent. J’avais seize ans, qu’est-ce que j’étais assez forte pour vivre cela ? Non, personne ne l’était. Pas même moi ! Pas même lui. Je finis par ouvrir la bouche et, je chuchotais : « Ils… Ils sont morts… » Comme-ci je voulais me convaincre de cette affreuse vérité. Alors, cette cruauté existait vraiment ? Même en ayant grandi dans le Bronx, jamais je n’avais vu quelque chose d’aussi merdique. A genoux en face de moi, il me fixait en essayant de me comprendre alors que je regardais le sol noir charbon. C’est à ça qu’allait ressembler ma vie dorénavant. Un tas de poussière. « Qui ça ? Et il est où Nathan ? » Si seulement je le savais, mes larmes coulèrent de plus belles et, c‘est sans m‘en rendre compte que je prononçai ces quelques mots… « C’est moi qui est fait ça… » Pourquoi avais-je fait cela ? Ils étaient déjà morts dans tous les cas. Pourquoi ? Pourquoi ça m’arrivait à moi ? Ma vie est encore plus foutue qu’avant. « Jazz regardes-moi ! Je suis là maintenant ! Tout va bien se passer je te le promet. » Finalement mes yeux se levèrent à sa hauteur et, il me prit dans ses bras. Comme pour me rassurer, comment-ci ça pouvait marcher. Je fermais les yeux dans l’espoir que tout soit effacé une fois que je les aurais réouvèrent. Malheureusement, je n’étais pas assez naïve pour croire à cela. Il n’y avait plus aucuns espoirs.





C‘est debout, à faire les quatre cent pas dans une petite salle du commissariat que je me retrouvais un mois plus tard. Pourquoi ? Parce que j’ai encore fait des conneries. Quelle idée de monter dans la voiture d’un conducteur qui à quatre grammes d’alcool dans le sang alors qu’on est dans le même état. Et je ne vous parle même pas de la drogue ! Un mois que je les évite. Un mois à me faire discrète. Je n’avais jamais tenue aussi longtemps. Finalement, heureusement que ces petites pièces étaient isolées parce que ma voix portée… « Allez vous faire foutre, je n’irez pas en famille d’accueil ou je ne sais pas quoi ! » Oui, j’avais été arrêtée parce que j’étais défoncée à la sortie d’une boîte de nuit et que j’étais mineure mais, on ne m’interrogeait pas sur cela, non. On m’interrogeait sur le fait que cela faisait un mois que je vivais seule avec mon petit frère âgé de neuf ans seulement. Finalement, tous les policiers prirent la porte… Sauf un. Un ami de la famille qui me connaissaient très bien maintenant. Mais qui à un casier vierge ici ? Personne. Il me désigna la chaise et, après un long soupire, je finis pas prendre place et me calmer. « Sid, t’as pas le choix. Soit tu y vas avec ton frère dans la mesure du possible soit, on t’envoie en maison de redressement et là, il n’y a aucune chance pour que Nathan te suivre. Tu piges ? » Si j‘avais réussi à garder mon calme durant ces quelques secondes, ma colère reprit le dessus. Je ne voulais en aucuns cas laisser mon frère tout seul, il n‘avait que moi. Rien que moi. « Et tu peux me dire qui payera cette foutue maison ? Tu sais tout autant que moi que je me barrerais de cette prison ! » Et quand je voulais quelque chose, je me débrouillais toujours pour l’obtenir. C’était de famille apparemment, mon père m’a apprit à toujours croire en mes rêves. Aujourd’hui, je veux vivre avec mon frère. Je suis assez grande pour subvenir à nos besoin et puis, je m’en sens capable. Ce qui n’est pas l’avis de tous… « Tu préférerais peut-être aller dans un hôpital psychiatrique ? Parce que aux dernières nouvelles, t’es considérée comme pyromane ! » Je fronçais les sourcils et, une boule se forma dans ma gorge. Un beau jour, en rentrant d’une fête avec des amis, j’ai retrouvé mes parents morts chez moi. Chacun une balle dans la tête, tout ça à cause des foutus gangs. Je sais, c’est glauque mais, c’est le quotidien ici. Mon premier réflexe a été d’appeler mon petit ami, James. Oui, j’ai brûlé l’appart’ par la suite. Pourquoi ? Pour terminer le travail. Je sais qu’un jour je me vengerais, je tuerais ces connards mais, les flics dans tout ça ? Je sais aussi qu’ils n’auraient rien fait. Alors oui, j’étais énervée. Oui, je n’en faisais qu’à ma tête. Mais non, je n’irais pas dans cette maison de redressement ou autres. « Oh me dis pas que toi aussi tu vas te mettre à croire ces conneries Max ?! Je veux voir James, il faut que je lui parle. T'arrives toujours à nous faire sortir d'ici, fais en sorte que ça continue. »





Quatre ans plus tard. Aujourd‘hui, j‘ai vingt ans, un bel âge pour certains. L‘entrée dans le monde des adultes. Moi, cela faisait un moment que j‘avais perdu mon innocence. Je fixais le lit d‘hôpital de mon frère qui était aujourd‘hui vide. Je n‘avais jamais eu aussi mal depuis que mes parents étaient morts. Cette fois-ci, mon cœur battait à tout rompre et, j‘avais l‘impression qu‘il allait explosé d‘un instant à l‘autre. Qu‘avais-je fais pour mériter cela ? Putain de maladie incurable ! « Toutes les personnes qui s’approchent un peu trop près de moi meurent… » Sauf qu‘aujourd‘hui, c‘était Nathan. Une partie de moi. Celui qui arrivait à me redonner le sourire, la raison pour laquelle je me levais le matin. Pour laquelle les soirées avaient diminuées ainsi que les drogues. Finalement, je n‘avais pas été en maison de redressement. Nous n‘avions pas été en famille d‘accueil non plus. Nous avions vécu avec Max mais, ces derniers jours, j‘avais choisi l‘hôpital comme lieu de résidence. « C’est pas ta faute et tu le sais. En attendant, tu dois partir d’ici, te changer les idées. » Je ne fis pas de suite attention à cette phrase. Je n‘avais pas envie de croire qu‘il avait oser me dire ça. J‘avais vécu des trucs atroces ici mais, c‘était chez moi. Mon regard se porta sur lui et, je lui demandai sèchement : « Qu’est-ce que ça veut dire ? » Il ne mit qu’un court instant avant de répondre. « Que je t’envoie chez ton oncle en Angleterre. Je l’ai eu au téléphone ce matin et il est d’accord. » Mon cœur fit un looping. Est-il sérieux ? Parce que, je voulais imaginer le contraire. Je le fixai bouche bée quelques secondes. Nous étions dans un hôpital, il fallait que je reste calme et qu je contrôle ma respiration, mes émotions pour ne pas pêter un câble comme d‘habitude. « Tu peux pas me faire ça ! T’es ma seule famille ! Et je le connais même pas, il est rien pour moi ! Mes amis. Est-ce que tu fais d’eux hein ? Je les aime ! » Quel oncle ? Je ne savais même pas que j’avais un oncle en Angleterre. En Angleterre ? Ce pays de malade où tout le monde est gentils et heureux. J’ai jamais aimé les histoires à l’eau de rose. D’ailleurs, c’est sans doute pour cela que je vis dans un film d’honneur. Attention, chapitre 3 : Sinead en Angleterre. Mais que va-t-il se passer ? Franchement ? Ridicule ! « Sinead, tu sais que je fais ça pour toi. » Quand on fait quelque chose dans l’intérêt d’un autre, on ne demande pas son avis avant ? Parce que c’est vraiment n’importe quoi. Moi je veux vivre ici, avec ma bande, avec Max, Mel ma meilleure amie, Zoé sa petite sœur, James, Kickz, Alex, Aimee, Lexy, Ty, Kaya … Je veux pas d’une autre vie. « Et… Et James dans tout cas ? Je sais qu’il est con, je sais que tu le détestes et qu’on s’engueule tout le temps mais il compte pour moi ! Merde ! » Finalement, je quittais l’hôpital et, essayais de rassembler mes esprits.





Avion direction Londres. Je ne sais plus comment je me suis retrouvée ici. Comment j‘ai fait pour accepter cette stupide proposition. Dans une semaine j‘ai vingt et un ans. Je suis majeure mais, si je ne veux pas finir entre quatre murs, il me faut un tuteur ou, je ne sais pas comment ils appellent ça. Bref, obligée d‘aller vivre chez un oncle que je ne connais pas. Le petit frère de mon père apparemment, un prof de je ne sais quoi. Ça promet ! Moi qui séchait à chaque fois les cours, je suis dans la merde comme on dit. En plus cette valise pèse une tonne alors qu‘il n‘y a rien dedans ! Je n‘arrive même pas à la soulever… Oh tiens ! « Laisses moi t’aider. » Plutôt mignon ! Mais, c’est un mec, il faut toujours se méfiait des mecs. Surtout ceux comme lui, trop gentil à mon goût. « Merci. » Je regarde sur le ticket d’embarquement… Siège mille et… Oh ben c’est juste ici. Pitié qu’il ne soit pas à côté de moi ! Dans le mille. « Je m’appelle Hayden. » Je tourne la tête vers lui et lui adresse un sourire, juste par politesse ! « Ok et moi, on va dire que je n’ai pas de nom. » Ouais, je sais que c‘est con de la jouer comme ça mais, je préfère mettre mes distances. Après tout l‘avion, ça ne dur pas éternellement, je ne vois pas à quoi ça l‘avancerait de connaitre mon prénom. « D’accord, si tu ne veux pas me le dire, je comprend. Et où va une belle inconnue avec une valise qui fait le triple de son poids ? » A ton avis ? Si je suis dans un avion qui mène en Angleterre, je vais où banane ! Je me suis surement levée du mauvais pied ce matin. Toujours réfléchir avant de parler. « On a cas dire que je vais où tu vas. » C’est vrai, quand on fait une rencontre dans un avion, ça sert toujours. Un plan machiavélique ? Oh oui ! Je pourrais toujours passer quelques jours avec lui histoire de repousser cette fameuse rencontre avec mon oncle. C’est comme… Des petites vacances ! Sinead Jazzlyn Blueberry, vous êtes tellement intelligente. « Ca me va parfaitement ! Je vais à Londres. » Pure coïncidence ou destin ? Je vote pour la première proposition. Mon destin aurait voulu qu’il meurt lui aussi lors… D’un crash d’avion. Pour quelqu’un de positif, je résonne mal aujourd’hui. Espérons que ça change vite. « Cool, j’y vais aussi. » J’y vais aussi pour une semaine. Car oui, une semaine plus tard, me voilà seule dans les rues de Londres, le sourire aux lèvres, ma valise à la main. Je déteste les mecs autant que je les aime. C’est ça mon problème, j’ai passé une semaine parfaite mais, quand ça devient trop long, trop sérieux, je prend la fuite. Maintenant, j’inspire un grand coup et, il me reste plus qu’à aller sonner chez monsieur Blueberry, prof de je ne sais quoi, frère de mon père. Londres, me voici !