____Je pourrais aimer le luxe, dépenser à n'en pas faire attention – jeter l'argent par la fenêtre. Je ne suis pas comme ça : j'aime la simplicité, les petits plaisirs qui nous rappellent que le bonheur ne se fonde pas sur les moyens. Je suis en train de marcher dans les allées du parc, ma guitare sèche à la main. J'ai quinze ans. Je recherche un point d'ombre et aborde ce banc tel un vainqueur. Je m'y installe et commence à gratter. Doucement – sans penser à ce qui m'a emmené à venir ici même.

____Quelques heures plus tôt, demeure Crossman – je me tiens face à mes parents furax. Je leur ai annoncé mon souhait d'entreprendre des études d'art, plus précisément dans la musique. « Pauvre inconscient ! Musicien, tu débloques complètement mon garçon ! » a crié mon père, son poing s'abattant sur son bureau. Ma mère, droite – mon petit frère à côté d'elle. Il a douze ans et me fixe en tremblant comme si c'est lui qui enduré la colère de notre père. Je le fixe un instant avant de plonger mes yeux dans ceux de ma mère. « Je savais que l'inscrire à des cours de musique était une mauvaise idée ! Mais bien évidemment tu n'en as fais qu'à ta tête ! C'est de ta faute Béatrice. » Mon père engueule ma mère. Je me sens soudain obligé de répondre. « J'ai suivi qu'un an de guitare, père. » « Bien trop long ! Un an pour te mettre en tête que tu pouvais en faire ton métier ! Tu es inconscient ! C'est hors de question. Que vas-tu donc sortir encore comme ânerie ? Tu jouais très mal. Tu ne serais même pas accepté dans une école pour musiciens...attardés ! » « J'ai appris tout seul ! » « Je m'en fiche. Le problème est réglé. Tu n'étudieras pas la musique mon garçon ! » « Père ! Tu n'as pas le droit. Maman, dis quelque chose...» adresse-je à ma mère pour trouver un peu plus de courage. « Qu'est ce que cela veut dire ? Béatrice ! » « Ton fils est vraiment doué Harry. » « Non Béatrice ! Il est hors de question que notre fils ruine ses chances de reprendre le cabinet médical familial. » Je rumine et explose d'un seul coup. « Je ne veux pas devenir médecin ! Je ne veux pas être un reflet de ta personne. Je ne suis pas né pour être...une copie conforme. Je ne veux pas suivre ton parcours. J'étudierai la musique, que tu le veuilles ou non ! » Nous, nous sommes encore disputés quelques instants avant que je referme la porte derrière moi et que je m'en aille là où je me trouve à présent. Un parc.
____Sa voix me prends jusqu'au plus profond de mon être. Des frissons recouvrent ma peau – le timbre de sa voix me donne la chair de poule et j'en suis tout retourné jusqu'à l'instant ultime, la dernière note qui signe la fin de notre rencontre. Je n'ai pas put bouger, ni même prononcer un mot qu'elle s'en est déjà allée – sa silhouette a disparu. Je me sens con, le sentiment d'avoir laissé filé quelque chose de précieux. Une merveille du monde. Un saphir...mes pensées à son égard totalement démesurée. Je dois la retrouver, impérativement ![...]


____J'ignore comment elle s'appelle. Je garde juste en tête son visage, l'harmonie de sa voix et la mélodie qui se dégage d'elle. Des mois s'écoulent sans que je ne réussisse à la revoir. Tous les jours – depuis, je me rends dans ce parc dans l'espoir de la revoir. En vain. L'inconnue n'est jamais revenue. […] Entre temps, j'ai appris que mon père a voulu me déshériter (son argent je m'en fiche mais soit). Par soin, ma mère a tenu tête à mon père et convaincu de ne pas me faire ça, il a renoncé à son souhait de me voir pourrir comme il dit si bien : même si je savais que l'argent facile ne ferai jamais réellement mon bonheur.

____Deux mois plus tard, de l'année 2005 – toujours. Un bar de Londres, dans lequel elle bosse. Je ne sais même plus aujourd'hui comment je me suis d’emmerdé pour savoir qu'elle était serveuse ici. J'étais conscient cependant d'avoir retourné terre, ciel et mer pour la revoir et voilà qu'elle se tient derrière le comptoir. Je me souviens avec quelle folie mon cœur s'est mit à battre : j'approche de mon but. Un peu plus quand je franchis la porte du bar. « Tu te souviens de moi ? » avais-je dis pour répondre à sa première question. La jolie blonde avait hoché la tête. « Tu as chanté, dans ce parc alors que je jouais, assis sur un banc. Puis tu t'es envolée sans que je puisse te rattraper. Je t'ai longtemps cherché...» Je me suis mordu la lèvre inférieure et lui ai adressé un sourire. « Je m'appelle Peter. Enchanté. » La conversation s'était étirée avec cette jeune adolescente qui portait enfin un prénom à ma connaissance. Penny. Je l'avais longtemps supplié pour venir occuper la place de chanteuse dans le groupe de musique que j'avais formé avec une bande d'amis. Que j'essayais de former, du moins. Il y avait déjà le batteur et le guitariste. Quelques années passaient et l'arrivée de Penny chamboule un peu tout : une galère monstrueuse et le guitariste qui fait des avances à Penny nous abandonne du jour au lendemain. Après cela, le véritable coup dur, bons nombres de galères. Nous arrivons à rien : Il me reste que Penny et le batteur et j'ai même l'intention d'abandonner le groupe, les projets que j'ai put imaginer pour la suite, ayant même le culot de penser comme mon père : que je suis un bon à rien et que la musique ne m'apportera rien. Les doutes envers mes capacités, Penny ne l'a jamais su et je crois en fait qu'elle m'aurait giflé. […]

____Nous sommes en 2011. A ce jour, Sloth va bien. Penny m'a fait rencontré un guitariste présent dans le bar où elle bosse : un de ces soirs où la scène était ouverte à qui voulait. Un jeune homme : Ben s'était présenté devant le public. Réel coup de cœur commun, nous avions eu. Le messie : pour nous sauver de cette urgence de trouver un guitariste, compléter le groupe et avoir la confiance d'un producteur. Le lendemain, Penny m'avait retrouvé, donnais rendez-vous dans l'entrepôt où nous menions nos répétitions. Ben était déjà là.

____Quatre mois s'est écoulé, Ben est notre nouveau guitariste. Nous multiplions les rendez-vous avec notre agence, notre producteur. Je commence a toucher à une réalité qui me semblait rêve étant gosse.

____Un mois plus tôt, quelle haine monstrueuse j'ai put ressentir en apprenant la mésaventure de ma meilleure amie. Je m'en veux de ne pas avoir été avec elle à ce moment là – pour éviter à ce gros porc de poser ses mains sur elle et de la violenter. Je connais Penny par cœur, lis en elle comme dans un livre ouvert. Nous n'avions pas besoin de parler pour nous comprendre – elle n'était pas ma jumelle mais c'était tout comme. Nous pouvions rien nous cacher. C'était un fait : et je devine ô combien elle se sent en ce moment. Je voudrai tellement faire plus pour l'aider au delà de mes paroles, de mes gestes réconfortants et rassurants. Pour lui prouver qu'elle reste en sécurité auprès de moi.
____Vous ne pouvez même pas imaginer tout ce que je pourrais faire pour elle, donner pour son bien.