« … Non ne raccrochez pas, j’allais oublier il nous faut aussi 10 bouteilles de plus de Jack Daniel’s, voilà ouais. Combien on en passe par semaine ? Euh… attendez, j’l’ai noté quelque part… » Noham calla son téléphone entre son oreille et son épaule et se jeta sur les premiers papiers qui trainaient derrière le bar, cherchant désespérément le petit bout de papier où il avait noté ce genre d’information. « Je suis sûre de l’avoir noté hum… Mais attendez, j’vous dis que… Biensure que je sais gérer un… Je début ok, si j’me suis pas fais chier en cours de gestion c’est par choix d’accord ! C’est facile pour vous de prendre les commandes des gérants, t’as pas du faire médecine pour ça ! Vous me mettrez 15 bouteilles de plus finalement sur la liste. Maintenant si vous permettez, y’en a qui bossent !» Il raccrocha illico. « Bouffon ! »

Tenir un bar était bien plus compliqué que le jeune métisse aurait imaginé. Entre la paperasse, les employés, et les parties de poker à organiser, il n’avait jamais passé autant de temps à bosser. Pour une fois il faisait quelque chose de sa vie, ce n’était ni prestigieux, ni reconnu mondialement, ni très payant, mais pour une fois il voulait que ça marche. Quitter le gang, quitter la fac, quitter la maison familiale était la meilleur décision qu’il ai prit jusqu’à présent. Biensure ça ne sera jamais assez bien pour son père, et bien entendu le jeune homme n’arrêtera jamais ses petites actions illégales. On ne se refait pas.

Alors qu’il entreprit de faire ses comptes de la soirée, une petite clochette se mit à sonner, signifiant que la porte du bar s’ouvrait. Sans même lever la tête, Noham lança un « C’est fermé ! » puis se concentra de nouveau sur ses calculs. Ce n’était pas la première fois que des gens essayaient d’entrer en pensant que c’était encore ouvert. Il finit par relever la tête et reconnu Reese. Ce n’était pas une surprise, le jeune homme avait l’habitude de trainer ici, ainsi que dans l’arrière boutique. Ils avaient pas mal de points communs ces deux là, le poker, la mécanique, et Joyce. Récemment, Noham avait apprit malencontreusement que la fille dont lui avait longuement parlé Reese était Joyce, mais sans que lui-même ne le sache. Drôle d’histoire, et il n’y avait que Joyce pour être impliquer dans ce genre de délire. De toute évidence, il ne pouvait rien reprocher à son ami, ravaler sa jalousie maladive qu’il avait dès que ça concernait son ex et faire comme si de rien était.

« T’es au courant que ça joue pas ce soir ? »

« Reese, n’oublie pas de fermer derrière toi. » Comme s’il ne le savait pas ! Il travaillait dans ce garage depuis un bon bout de temps à présent mais son patron lui répétait encore sans cesse ce qu’il devait faire juste pour bien lui faire comprendre que malgré ses qualités de mécano, ça restait lui le boss et point. Le jeune Adelson ne s’entêtait pas à lui répondre ou quoique ce soit, tout d’abord parce qu’il tenait à son job qu’il avait eu par lui-même et secundo, ça ne servirait à rien. Hochant simplement la tête en guise de réponse, il regarda son patron quitter le garage par la porte avant et laisser ouvert derrière lui ce qui laissa s’échapper un soupir de la bouche de Reese. Il s’approcha de la porte qu’il ferma en verrouillant. Il avait pris l’habitude de fermer de suite après le départ du boss, soit une demie heure avant que lui-même ne quitte l’endroit. Lorsqu’il s’agissait de travailler que ce soit dans la mécanique ou alors dans l’humanitaire, Reese était un vrai professionnel, il prenait ses responsabilité malgré ce que pensait son père. Reprenant son travail sur la Bentley arrivé le matin même, le client avait demandé à ce que la réparation soit faîte pour le lendemain soir, un gros boulot pour le jeune homme qui n’avait pas que ça à faire, mais pour le patron s’était devenu une priorité, du coup, le jeune homme se retrouvait encore à devoir faire des heures supplémentaires pour un sale gosse de riche. Mais d’un côté tant mieux, avec tout ce boulot, il n’avait pas eu le temps de penser à tous ses changements survenus. Il avait retrouvé Daphné, après un an et demi à la chercher, il s’était avérer qu’elle vivait depuis un an environ voir plus à Londres, le continent, le pays, la ville même où il s’était installé deux ans plus tôt. Simple coïncidence mais quelle coïncidence tout de même ! Une heure plus tard, il finit enfin ce qu’il avait affaire, s’essuyant les mains sur son torchon suspendu la poche arrière de sa salopette, le jeune homme regagna le bureau pour reposer les clés de la Bentley puis prendre son sac dans les vestiaires pour finir par quitter les lieux.

Lorsqu’il arriva chez lui, le jeune homme prit une rapide douche pour se débarbouiller puis enfila un jeans, des convers’ puis un t-shirt blanc assez simple. Il savait exactement où se rendre à cette heure-ci, sachant que la personne qu’il souhaiterait voir serait à cet endroit précis et certainement seul, ce qui était la raison en plus pour y aller. Se garant près de bar où il se rendait bien souvent que se soit pour boire un verre ou alors pour ces parties de poker mouvementées à l’arrière du bar de son ami. Rentrant dans le bar, il entendit un « c’est fermé » du propriétaire du bar qui se trouvait derrière le bar. Reese ne parti pas pour au tant, il savait justement que c’était fermé et c’était la raison pour laquelle il était présent, s’asseyant sur un de ces hauts tabourets, il fit face à Noham. A la question de ce dernier, le jeune Adelson hocha positivement la tête. « Ouep ! »

Puis rien, il savait que Noh attendait sûrement de savoir la raison de la venue de son ami. C’était bizarre de l’avoir en face de lui alors qu’ils avaient tous les deux découverts que celle dont lui a toujours parlé Noham était exactement la même personne dont Reese avait eu le coup de foudre à San Francisco. Joyce est Daphné. Le jeune héritier ne savait pas du tout comment Noham avait pris la nouvelle car c’est quasiment en même temps que les deux hommes avaient appris la « nouvelle ». Et par la même occasion, Joyce avait apprit qui était réellement Reese. « C’est pour ça que je suis là, j’me dis qu’on serait tranquille pour parler. Si ça te va bien sûr. » Reese n’allait pas obligé son pote à parler, il n’était pas de ce genre, mais mettre les choses au clair pourrait leur faire du bien surtout avant que les choses ne dégénère. Reese a toujours été fidèle en amitié et il n’aimait pas comment les choses avaient tournées.

Parler, ce n’était clairement pas le point fort du jeune métisse. Il faut dire qu’il n’avait pas grandit avec un frère très communicant, mais pourtant le faite que Reese se pointe ce soir là en ayant décidé de parler, de mettre les choses au clair sur ce qu’ils avaient apprit, témoignait d’une certaine preuve d’amitié, il ne pouvait le nier. De quoi fallait-il parler concrètement ? Que pouvait-il rajouter de plus à cette situation plus que déstabilisante ? Noham aurait préféré cent fois taper du point sur la table comme il avait l’habitude de faire. Réagir de manière impulsive il savait faire mais lorsqu’il s’agissait de parler de ce qui le dérangeait foncièrement, il n’était plus capable de s’exprimer.
Pourtant à son tour il fit un pas en avant, sans broncher, il sorti de dessous le bar une bouteille de Ballantine’s à moitié pleine. Un scotch que Sohfyièn lui avait offert lors de l’ouverture du bar, et dont il ne sortait la bouteille qu’à quelques rares occasions. Noham attrapa ensuite deux verres et les déposa sur le comptoir pour les remplir.

« Pas besoin de préciser que cette conversation reste entre nous. » Il regarda son ami et trinqua avec lui.

« Ok, alors j’ai trois questions pour toi : Où est ce que tu l’as rencontré exactement ? » Reese avait toujours été approximatif quant à sa rencontre avec "Daphné", si auparavant il n’y avait pas porté d’importance, aujourd’hui Noham voulait savoir. « … Est-ce qu’elle est au courant pour ton mariage forcé ? Et… est ce que t’es amoureux d’elle ? » Sur cette dernière question, Noham releva son regard sur le jeune héritier en face de lui.

« A toi ! » Dit-il comme un gamin qui avait finit de jouer et qui renvoyait la balle à son pote pour qu’à son tour il puisse jouer. Lui aussi avait sans doute des questions, s’il avait tenu à parler ce n’était probablement pas pour rien, et au fond, Noham voulait savoir ce que pensait Reese de tout ça.

Il but une gorgée de ce délicieux scotch, il y avait presque de quoi rire d’une situation pareil. Soudain il pensa à son frère qui serait probablement plié en deux de les voir ainsi. Vu de l’extérieur, deux potes se parlant de la même fille sans savoir que c’est en réalité la même, la scène est ironique. Voir leur tête à chacun lorsqu’ils apprennent que Joyce = Daphné, ça, ça aurait été une bonne comédie !

Reese ne savait pas exactement de quoi il allait parler avec Noham enfin si, il connaissait le sujet mais que dire dessus ? Il n’était pas un gars bavard qui parlait de ce qu’il ressentait à tout bout d’champs mais plus celui où on doit vraiment insister pour savoir ce qu’il a sur le cœur seulement lorsqu’il est question d’amitié, Reese était tout un autre. Il était fidèle, prévenant, généreux et amical et ce qu’il se passait en ce moment l’inquiétait légèrement. Ce n’est ni sur un coup de tête, ni sans avoir trop réfléchis qu’il se ramena dans le bar ou travaillait Noham, un ami qu’il avait rencontré lors d’un week-end à Vegas et avec qui le courant était sacrément bien passé. Reese hocha la tête lorsque ce dernier lui dit que cela restait entre eux. Personne d’autre n’avait besoin de savoir qu’ils avaient eu une conversation, enfin si on peut appeler ça une conversation puisque le jeune Owens commença de suite à poser trois questions à l’héritier. Sans vraiment s’y attendre, Reese fut légèrement surpris mais néanmoins, il but une gorgée du délicieux scotch que Noh avait sortit de derrière le bar puis ouvrit la bouche pour répondre.

« Je l’ai rencontré au Skye à San Francisco lorsqu’elle y travaillait encore. » Il ne savait pas si Noham était au courant que Joyce travaille là-bas, après tout vu la classe sociale qu’elle a, il doutait que peu de monde devait le savoir tandis qu’à l’époque, il ne s’était pas du tout douter d’où elle provenait, il savait juste qu’elle sortait du lot, comme si elle n’avait pas sa place là-bas. « Je ne lui ai pas encore parlé depuis cette nuit-là… Je viens à peine de savoir qui elle était réellement alors la réponse est non pour ta deuxième question et… » Là c’était une colle, il ne savait pas quoi répondre pour la dernière question de son ami, pourtant il n’était pas le genre à mentir, il se contenta de hausser les épaules. « Je croyais l’être mais il s’est avérer que celle que j’ai connue n’était pas la vraie Joyce. » Et à présent ? Pff, il n’était même plus sûr de connaître la jeune femme comme il le pensait auparavant et ce malgré le fait qu’ils aient échangé beaucoup de choses importantes dans leur vie dans le bar où ils s’étaient rendus.

Noham lança la balle dans le camp de Reese, s’était à son tour de poser des questions. Ce dernier posa une main sur sa nuque, la frottant doucement, il réfléchissait aux questions qu’il pourrait poser et qui lui serait « utiles ». « Une seule question. Tu serais prêt à aller jusqu’où pour la récupérer ? » Il savait plus au moins ce qu’il se passait entre Joyce et Noham, étant donné que ce dernier lui racontait ce qu’il se passait tandis que Reese lui détaillait ses recherches pour retrouver Daphné sans succès. Tout en ne quittant pas des yeux son pote, il but une nouvelle gorgée de sa boisson alcoolisée, il ne savait pas exactement où mènerait cette conversation, si les choses iraient mieux, si les deux jeunes hommes se diraient de laisser tomber ou bien qu'ils se "battraient" pour la jeune femme. Se battre pour une femme, ça avait toujours été une chose absurde pour le jeune Adelson et il se voyait mal le faire au jour d'aujourd'hui même.

Tout en dégustant ce savoureux scotch, Noham écoutait son ami qui se prit au jeu des questions-réponses. Il était sincère, le jeune métisse le sentait. Il avait apprit à le connaitre petit à petit, et inversement, il savait que Reese ne parlait pas de ses sentiments à tout bout de champs et donc que lorsqu’il s’exprimait, ceux-ci étaient sincère. Il le savait puisqu’il se retrouvait parfaitement dans ce genre de comportement.
La réponse à sa première question le fit sourire nerveusement et dans la seconde qui suivit, il avala une autre gorgée d’alcool. « Pervers ! » Dit-il en lançant un regard amusé à Reese. Noham ne supportait pas les ambiance trop ‘lourde’, il se sentait obligé de placer un peu d’humour ou de légèreté sur chaque sujet un peu sensible, histoire de dédramatiser la situation.

Reese avait l’air de ne pas reconnaitre sa Daphné en Joyce, comment avait elle été avec lui dans ce cas là ? Pouvait-elle être une personne différente selon la personne avec qui elle est ? Il s’efforça de ne pas trop penser à ça préférant laisser quelques zones d’ombres qu’il est préférable de pas révéler parfois. A l’écoute de la seule question de Reese, ne pensa qu’à une seule réponse sur le moment : Joker ! C’était bien vu de sa part, car sous cette question, il pourrait savoir à la fois si leur amitié était en danger, et également si Noham était encore amoureux d’elle. A l’heure actuelle, la tête de Noham était un vrai bordel dès qu’il s’agissait de Joyce. Leur petite gue-guerre n’avait pas passé inaperçu, et bien qu’il s’amusait de cette situation, au fond il en voulait réellement à la jeune femme pour certaine raison. A côté de ça, il était incapable de s’en détacher.

« Concrètement ? Très loin. Maintenant, tu connais la situation entre elle et moi aujourd’hui et ça a pas l’air d’aller dans ce sens. » Le jeune homme fit tournoyer son verre sur la table à l’aide de ses doigts. « J’vais être franc comme tu l’as été avec moi. J’ai pas envie de me ‘battre’ avec toi pour une femme, c’est évident, rien que le concept je trouve ça naze, et cliché. Mais sache aussi que Joyce c’est pas juste ‘une femme’ pour moi. » Il ne rajouta rien d’autre là-dessus, tout était dit dans cette phrase.
Pour l’instant il n’y avait pas de quoi foutre une amitié par terre, c’est pourquoi Noham resservit son ami en face de lui d’un peu de Ballantine’s.

La remarque de Noham le fit sourire, ce dernier essayait sûrement de détendre l’atmosphère en plaisantant et c’était mieux ainsi plutôt que de faire une remarque qui pourrait énerver l’un comme l’autre surtout que le jeune Adelson était dans le genre impulsif. Cette petite séance de questions-réponses étaient un moyen de ne pas s’attarder sur des faits quelconques, ils allaient droit au but et mettait les choses au clair. Reese avait une seule question pour son ami, connaissant la situation avec la jeune Arnault, il hocha d’ailleurs la tête quand ce dernier lui répondit. Ils avaient tous les deux un passé ensemble, un passé bien plus important que celui qu’elle avait avec le jeune héritier. La relation qu’elle avait avec les deux jeunes hommes étaient très différente et si Reese n’était pas certains que cette nuit-là, avait également été spéciale pour la jeune femme, il aurait abandonné l’idée « Joyce ». Qui pouvait rivaliser face au premier amour de la jeune femme ?

« Ouais je sais. » Lui dit-il tout en hochant la tête lorsque Noham lui parla sincèrement, il disait que Joyce n’était pas n’importe quelle femme pour lui et ça s’était clair et net. Son verre a nouveau plein, Reese le porta à ses lèvres pour en boire une nouvelle gorgée, le liquide lui brulant doucement le long de sa gorge. Le jeune homme aimait bien venir dans le bar de son ami et plus spécialement lorsque celui-ci était fermé puisqu’ils étaient tranquille pour parler, se faire un billard ou quoique ce soit d’autres. Le jeune homme ne savait pas exactement quoi dire d’autre, il n’avait pas non plus envie de se battre pour la jeune femme avec Noh, et spécialement avec Noham, s’entendant très bien avec lui. C’est après avoir but une autre gorgée de sa boisson qu’il continua. « Je pense qu’on peut rien faire à part laisser le choix à Joyce et accepter quelque soit sa décision, non ? »

Après tout, elle pouvait très bien finir avec un autre homme que l’un des deux ou alors avec personne. Reese n’a jamais aimé imposer sa volonté aux gens, il préférait faire comme lui voulait et si on le suivait tant mieux sinon tant pis seulement là, c’était autre chose, il y avait des facteurs en jeu comme son amitié avec l’Owen et sa relation avec Joyce. Au tant il avait toujours été fidèle en amitié qu’infidèle en amour, il se voyait mal à présent faire défaut à l’amitié. « On se fait un billard car rester glander là à parler j’t’avoue que c’n’est pas trop mon truc. » C’est surtout qu’il ne voyait pas quoi dire de plus sur ce qu’il se passait en ce moment, le mieux c’était de laisser aller et de voir comment les choses tourneraient.