« Asya lâcha un soupir agacé, observant nerveusement ses genous. Collées, personne ne pouvait entrevoir les tremblotements qui agitaient ses jambes longilignes. Elle n'avait aucune envie que quelqu'un s'aperçoive de son anxiété. Elle repoussa avec difficulté l'envie de partir, sur-le-champ, sans passer par la case consultation. Consultation qu'elle n'avait pas provoquée de son propre-chef, non, elle n'était pas suicidaire. Pourtant, elle lui avait bien fait comprendre qu'il n'était pas son père, qu'il ne le serait jamais. Alors pourquoi s'entêtait-il à agir de la sorte? La seule manière qu'elle le tolère aurait été d'hocher la tête de manière docile et de ne rien dire de plus. Sauf qu'il était tout sauf docile, et ce qu'Asya détestait par-dessus tout, c'était qu'on lui résiste. Mais elle ne pouvait pas lui manquer de respect, elle ne tenait pas à blesser sa mère, et ce type le savait. Pourtant, elle pensait qu'il lui lâcherai la grappe à partir de ses 18 ans. N'était-elle pas une adulte, à présent. Il ne semblait pas prêt à l'assimiler, à son plus grand malheur. Et son beau-père lui avait habillement fait comprendre ce qu'il pensait d'elle, en lui offrant un rendez-vous chez le psychologue. Et il savait qu'elle n'était pas le genre de personne appréciant dévoiler toute sa vie au premier inconnu venu, il le savait parfaitement et à cet instant précis, elle le haïssait de tout son être. Ce qu'elle ne comprenait cependant pas, c'était que sa mère ait approuvé. S'était-elle rangé du côté de cet abruti? Alors qu'elle était sa fille. Après tout, la seule personne à blâmer pour le caractère dur à vivre d'Asya était sa mère, et personne d'autre. C'était elle qui l'avait élevée, alors pourquoi tout le monde s'acharnaient donc sur elle? Elle n'était pas la fautive, ou pas la seule, mais malheureusement c'était elle qui devait préparer son mental pour l'heure à laquelle elle se préparait.

Sans qu'elle s'en rende compte, ses faux-ongles étaient à demi-plantés dans ses cuisses, laissant une marque en lune sur ses jambes parfaites. Elle était stressée, oui. Mais il fallait qu'elle se calme, sinon elle se mettrait probablement à hurler sur le psychologue. Ce qu'elle regretterait amèrement. Elle n'arrivait pas à trancher, fallait-elle qu'elle se contente d'effectuer bien sagement les recommandations du psychologue, où fallait-elle qu'elle lui fasse bien comprendre qu'elle ne lui obéirait pas? Après tout, c'était elle la patiente. Mais elle avait peur de ce qui l'attendrait la prochaine fois qu'elle verrait son beau-père. Non pas qu'elle ait directement peur de lui, pas le moins du monde mais c'était de voir sa mère dévastée qui l'ennuierait. Profondément. Elle lâcha un nouveau soupir excédé en tapotant sur la lanière de son sac vuitton avec ses ongles. Il fallait d'ailleurs qu'elle retourne absolument chez l'esthéticienne, son vernis allait bientôt commencer à s'écailler. Il fallait que tous les détails soient parfait. Puis le moment qu'elle redoutait tant arriva tant bien que mal. Une insupportablement mielleuse retentit « Mademoiselle Gutierrez? » Asya déglutit et se leva d'un petit bond fluide, attrapa son sac et suivit la secrétaire sans piper mot. Elle ne savait pas si elle devait se montrer aimable et reconnaissante envers elle de l'avoir sortie de cette salle angoissante. Elle finit par se résoudre à se taire, c'était la solution la plus raisonnable, dans tout les cas. Pendant un instant, elle avait même songé à insulter la secrétaire et à s'éclipser sans aller voir ce type qui se prétendait médecin. Poser des questions à une étrangère n'était pas bien difficile, même elle aurait pût le faire. Asya était même persuadé que c'était simplement parce qu'il n'avait pas eût les capacités pour devenir un vrai médecin. Mais d'un autre côté, s'enfuir serait un geste de faiblesse, et son beau-père aurait encore une manière de la rabaisser. Ce qu'elle ne souhaitait surtout pas. Elle éloigna donc cette théorie aussi rapidement qu'elle était parvenue à son esprit.

Le chemin pour parvenir au cabinet de "docteur" était court et la blonde laissa Asya devant la porte, seule face à son destin. Le docteur était-il si terrifiant pour qu'elle n'ose pas l'accompagner à l'intérieur. Elle ne savait comment procéder non-plus, fallait-il qu'elle frappe à la porte et attende qu'il vienne? Asya déglutit difficilement sentant la boule qui s'était formé dans sa gorge. Elle s'apprêtait à frapper à la porte lorsque celle-ci s'ouvrit brusquement, dévoilant l'homme habillé de manière très distingué. Il lui sourit alors et lui tendit une main parfaitement manucurée. Enfin quelqu'un prenant bien soin de lui. Asya lui serra la main en se contrôlant pour ne pas lui vomir dessus, il sentait le désinfectant et cette odeur lui emplissait les narines. La jeune femme se contenta de toussoter et emboîta le pas du psychologue. « Bien, Asya, c'est cela? » Elle hocha la tête d'un geste parfaitement maitrisé, essayant de masquer sa rage. « Donc, c'est votre père qui a pris un rendez-vous pour vous, mademoiselle.» Asya serra la mâchoire, ce connard s'était donc fait passer pour son père? Elle attrapa une mèche de ses cheveux, l'entortillant autour de son doigt à la peau caramel. Un geste qu'elle faisait souvent lorsqu'elle était tendue, ce qui était le cas. Elle posa sa main de la manière la plus délicate possible sur le bureau en ébène. Secoua sensiblement la tête. « Non, il ne s'agit pas de mon père. Juste le nouveau conjoint de ma mère, rien de plus. » Elle lui avait répondu de la manière la plus calme possible, pourtant l'homme fronça les sourcils et commenca à gribouiller quelque chose sur son calepin en cuir relié. Avait-elle fait un geste de travers? Asya se mit à mordiller sa lèvre inférieure en songeant à ce qu'il avait put écrire sur elle. Elle n'avait fait qu'établir la vérité, et de manière calme et sereine, qu'avait-elle fait pour trahir son calme instable?

« Eh bien, je vous écoute, racontez-moi votre vie. »Elle n'en avait aucune envie, en quoi connaître sa petite vie sereine l'avancerait dans ses études stupides de sa personnalité? De plus, dévoiler son passé à un inconnu dont elle ignorait jusqu'au prénom n'était pas dans ses principes, tout cela resterait confidentiel mais elle ne se sentait pas bien. Elle n'aimait pas se mettre a nu et être dans une telle position de faiblesse, en quoi était-ce étrange? De plus, sa vie était loin d'être captivante, une vie d'une jeune femme de 22 ans. Jamais elle n'était entrée dans les détails avec ses amis les plus proches, de toutes façons ils s'en fichaient. La plupart des garçons qu'elle avait rencontré au lycée ou plus tard avaient toujours étés beaucoup plus intéressés par son physique qu'autre chose, elle se savait pertinemment bien. C'est pourquoi elle n'avait jamais vraiment mit sa vie à plat, et elle s'en félicitait. Elle déglutit, espérant que cette boule dans sa gorge se soit émancipé. Mais non, elle persistait, lui offrant magnifiquement le moyen de se rendre compte de sa frustration. Et dire que si elle n'avait pas essayé de tenir tête à son beau-père, elle serait tranquillement installée sur son canapé en cuir en train d'observer Supernatural et de s'extasier devant son nouveau vernis, elle pourrait tout aussi bien être dans un bain brûlant en train d'apprécier le contact de l'eau contre sa peau délicate. Au lieu d'être tranquillement chez elle, elle était assise sur ce siège plutôt inconfortable à étaler sa vie à un homme sentant le désinfectant de manière excessive.

« Très bien, je suis d'origine Espagnole pour commencer. J'ai d'ailleurs habité là pendant la moitié de ma vie. Puis j'ai été forcée à venir habiter ici, à cause de ma mère. J'aurais voulu rester là-bas, mais malheureusement je n'ait pas put. Pourquoi? Et bien, ma mère et mon vrai père ont fini par divorcer puis lorsque ma mère à rencontré un autre homme, elle a tout de suite remplacé mon père par ce type. Enfait mon beau-père est londonien, il n'était que de passage en Espagne à cette époque, et donc il bien évidemment fallu que nous le suivions. Ma vie était géniale avant, je vivait dans un des endroits les plus magnifiques au monde, et venant de ma part c'est très rare que j'apprécie un lieu. De plus, j'aimais mon père. Mais je me rendais compte que mes parents n'étaient jamais d'accord, et je sentais bien la rupture. Mais si j'avais sût qu'à cause de leurs engueulades je devrait changer subitement de pays j'aurais tout fait pour empêcher le pire d'arriver.» Asya soupira légèrement, inspirant et expirant, légèrement abattue par tout ce qu'elle venait de déclarer à un débit de paroles très rapide.

« Au collège? Je n'y étais allée qu'une année Espagne, mais j'avait un excellent souvenir de cette seule année. Je n'avait aucun problème avec personne, mes notes étaient assez bonnes et j'avais beaucoup d'amis fidèles. Nous habitions près de la mer, et dans une superbe maison. Alors je suppose qu'a l'époque nous avions déjà beaucoup d'argent. Je ne me souvient pas exactement avec tous les détails de mes souvenirs de là-bas, mais l'une des choses dont je me souviens, c'était mon dernier Noël. Pas parce que toute ma famille était là, à vrai dire je m'en fichais mais c'était l'ambiance, personne ne hurlait sur quelqu'un d'autres. Enfin c'était surtout parce que mon père n'habitait plus avec nous, à bien y songer, j'aurais préféré rester avec lui. Quoique j'ai bien fini par m'habituer à cet endroit.

Bref, après que ma mère ait fait connaissance avec ce type, nous avons déménagé ici. Je ne savais pas un seul mot d'anglais, vous comprenez que je me suis débrouillée pour masquer mon accent. C'était la première fois que je voyageais pour aller aussi loin, je n'avais aussi jamais prit l'avion avant. Un bon point, un des seuls je crois, c'est que cet homme est hypra riche, même si ce n'est pas avec de l'argent qu'il acceptera mon pardon, de toutes façons je le hait. Après cela, ma vie à plutôt été facile, le lycée? Je crois que c'était la meilleure partie de ma vie, en Angleterre je veux dire. Les gens ont vite compris que je n'étais pas une simple paysanne. D'ailleurs je leurs aurait pourri la vie sinon. »

Le psychologue releva les yeux de son épais calepin sur lequel il avait continué à prendre des notes. Il devait avoir compris qu'elle avait fini de parler. Il hocha donc la tête avait un sourire trop franc pour être vrai. Il ferma donc son calepin, le claquement de toutes les pages retentissant dans la pièce remplie de bibelots. Asya se releva d'un geste gracieux, sentant un poids s'échapper de ses épaules. Elle en avait fini avec ce psychologue, d'ailleurs, maintenant qu'elle ne le voyait pas comme une menace, elle le trouva plutôt mignon. Elle attrapa donc son sac à main et se dirigea vers la sortie de la pièce d'un pas aérien. L'homme lui tendit une nouvelle fois la main, et Asya l'attrapa, le saluant de la manière la plus courtoise possible. « Je téléphonerai à votre père pour fixer la date de notre nouveau rendez-vous. » La jeune femme resta coite, son "père" ?! Un nouveau rendez-vous?! Asya se retourna d'un geste rapide, rêvant de quitter cet endroit au plus vite. La bonne humeur dont elle avait écopée à la fin de son récit s'était évaporé, elle était furieuse à présent. Elle quitta donc le cabinet en se précipitant vers la sortie, elle était enfin libre. D'ailleurs, elle se demandant quelle série devait passer à cette heure, elle verrait bien. Elle inspira une grande goulée d'air pur et s'engagea dans les rues de Londres pour rejoindre Kensington sous la douce caresse du vent.»