Ma vie ou l'histoire d'une connerie divine. Je suis née il y a 21 ans, Mary-Weather Juno Du Plessis, fille de Jane Pinaar et son rugbyman de bonhomme. Je tairais son nom pour éviter tout préjudice à sa célébrité de vedette des Springboks n'est-ce pas ? Car mon père était l'un des internationaux de rugby sud-africain les plus connus au monde. Alors vous comprenez, je vais tellement balancer sur lui que je préfère le préserver un tant soit peu encore.
Au début, c'était fun comme vie. Je n'avais pas de mère, elle est morte en me mettant au monde. C'est triste mais je ne l'ai pas connu donc elle ne me manque pas. Mon père et moi, on a toujours été tous les deux, soudés comme les doigts de la main. Il m'emmenait partout, pendant ses déplacements ou tout simplement parce qu'il avait la bougeotte et qu'on a pas mal vécu entre l'Afrique du sud, l'Australie et d'autres pays du monde. Un vrai globbet-trotter ce papa ! Moi ça me plaisait. Voyager, découvrir de nouveaux gens, de nouvelles cultures... Ce n'est pas donné à tout le monde et j'en ai bien profité. Heureusement d'ailleurs parce que c'était ce qu'on pourrait appeler le calme avant la tempête. Parce qu'après, le Bon Dieu a été bien moins clément avec ma petite tête.

A 12 ans, on est revenu s'installer pour de bon au Cap. Jusque là, rien de bien méchant. Mais en environ deux ans, mon père c'est retrouvé fauché, changeant du tout au tout au passage: violent, colérique. Me demander pas comment, j'en ai aucune idée mais il a jamais été du genre fourmi, plutôt cigale si vous voyez ce que je veux dire. Ca ne me gênait pas de ne plus vivre la belle vie mais ce qui a suivi m'a bousillé à tout jamais. Mon cher paternel a décidé dans une illumination de se jeter dans le proxénétisme. Classe, non ? Sauf que là, il a décidé que je serais le clou de son gang de putes. Moi, sa fille de 14 ans. J'avais beau pleuré, supplié, tenté de fuir, il finissait toujours par me récupérer et me punir de manière très original: à coup de poings dans la gueule et à base de partouze assez virulente. Oui, c'est un témoignage incontestable de l'amour paternel, si pur, si fort.
Il était hors de question que je le laisse continuer de profiter comme ça de ma vie et de mon corps d'ailleurs. Alors à 16 ans, j'ai foutu les voiles. Je ne pouvais pas aller dans un de ces pays où on avait déjà vécu et où j'avais des contacts. Il fallait que je parte loin de tout et de tous. Alors j'ai pris l'avion: direction Londres. C'est comme ça que je me suis retrouvée dans la capitale britannique. Manque de bol, je n'avais pas un rond en poche et personne pour m'aider: retour à la case prostitution. Qu'on soit d'accord, j'en suis pas fière mais je n'avais pas le choix. C'était ça ou crever de faim. J'ai choisi de continuer à vivre pour prendre ma revanche sur mon connard de père.
C'était mon job jusqu'à récemment mais j'ai pris du grade: je suis escorte girl depuis peu. Inutile de dire que ça paie bien mieux et que c'est plus repoussant. Moi c'est Juno, 21 ans, fille de connard et en procès contre Dieu. Nice to meet ya.