Nous étions exactement le samedi quatorze mai de l'année 1988, Jayleah et Bryan Rosburry, jeunes adolescents âgés de seulement seize et dix-huit ans à l'époque étaient assis sur un des bancs d'une rue quelconque de la ville de Camden. Tous les deux abasourdis, ils observaient le test de grossesse que la jeune fille tenait dans ses petites mains fragiles. Peut-être espéraient-ils un miracle, que le résultat passe de positif à négatif, mais ce ne fut pas le cas, Jayleah était bel et bien enceinte. Ne sachant que faire, les deux adolescents s'en allèrent trouver leurs parents. Les parents de la jeune fille ne réagirent pas aussi bien que ceux de Bryan. C'est souvent comme ça, dans ce genre de situation les parents du futur papa régissent mieux que ceux de la future maman. C'est sûrement parce que la mère porte l'enfant, qu'elle ne peut pas ignorer la vérité ou s'enfuir. L'enfant fait parti d'elle. Bref, les parents après avoir parlé ensemble, décidèrent de soutenir le couple durant la grossesse, que Bryan devait assumer les conséquences de ses actes et qu'il serait aux côtés de Jayleah pour cette épreuve.
Neuf mois passèrent et évidemment rien ne se passe comme prévu. La grossesse de Jayleah se déroula pour le mieux, enfin pour le mieux je veux dire aucune complication de santé, mais en ce qui concerne le père, Bryan devenait de plus en plus distant, Jayleah et lui se disputaient sans arrêt. Ils avaient emménagé ensemble il y a trois mois de cela, pour ne plus être les uns sur les autres dans la maison familiale de Bryan. Le jeune homme ne voulait pas assumer, il sortait sans arrêt, remettait la faute sur Jayleah, lui disait qu'elle avait gâché sa vie et d'autres horreurs du genre. Mais la jeune fille ne pouvait se résoudre à le quitter, elle l'aimait, c'était le père de son enfant. Le jour de l'accouchement, Jayleah était seule dans leur petit appartement, elle ressentait des contractions horribles, et tenta d'appeler son fiancé pour qu'il l'emmène à l'hôpital, mais étant donné que celui-ci était sorti avec des amis, elle pouvait toujours courir pour qu'il réponde. Elle appela donc sa mère qui arriva immédiatement. Le travail ne fut pas compliqué, la jolie petite fille arriva seulement huit heures après que le travail ait commencé. Jayleah décida de l'appeler Candice, simplement parce qu'elle savait que Bryan adorait ce prénom. Elle lui donna en second prénom Athénaïs, qui était aussi le deuxième prénom de sa grand-mère.

L'enfance de la jeune Candice ne pourrait pas être de celles qu'on qualifierait des plus banales. Âgée de deux ans, Candice voit ses parents se déchirer, s'engueuler, se torturer, mais jamais se séparer. Plus elle grandit, et moins elle comprend. Pourquoi, si ses parents ne s'aiment plus ne se quittent - ils pas ? Lorsqu'elle a huit ans, elle en parle vaguement à sa mère, et celle - ci lui répond assez méchamment qu'il ne faut pas qu'elle se mêle des affaires des grandes personnes. Elle voyait son père la détester, elle, gamine qui n'avait rien demander à personne. Mais lorsqu'elle aura douze ans, elle comprendra enfin : Bryan est violent avec sa mère. Il la menace de toutes sortes de choses si elle le quitte mais il ne fait rien pour qu'elle reste en même temps. Il avait promis à ses parents de s'occuper de la petite, alors il se sentait obligé de le faire, mais c'était comme une sorte de piège, il ne pouvait pas partir, mais ne voulait pas rester. C'est à partir de ce moment - là que Candice s'est mise à détester son père. Elle l'évitait, ne lui adressait plus la parole et elle devenait même irrespectueuse avec lui, ce qui entraîna les foudres de son père sur elle. Il la frappait également désormais. Sûrement que ce fait a été une sorte de déclic chez Jayleah puisqu'elle décida enfin de partir dès qu'elle vit l'apparition de premiers bleus sur les bras de sa fille. Seulement, il ne fallait pas changer seulement de ville mais aussi de pays, sinon, il les retrouverait. C'est donc comme cela que Jayleah appela sa sœur qui habitait à Londres et lui demanda de l'héberger.

Ce déménagement va presque tout changer dans la vie de Candice. Elle était alors âgée de quatorze ans et elle avait quitté tous ses amis, ses repères et tout. Mais pourtant, même si se sentir loin de son père avait produit une sorte de soulagement en elle, elle était toujours révoltée, énervée, triste à cause de lui. Elle changea du tout au tout. Ses nouvelles fréquentations n'étaient pas des meilleures. Ses nouveaux amis étaient des sortes de junkies. Et Candice, pour s'intégrer commença à prendre de la drogue. Elle savait que sa peine ne s'évanouirait pas comme ça, pas tout de suite du moins. Mais elle avait besoin de se sentir mieux de temps en temps, d'être dans un autre monde. Elle commença par fumer quelques joints de temps en temps, mais cela tourna très vite au cauchemar, la coke, l'ecstasy, elle testa toutes les sortes. Et si sa mère allait de mieux en mieux, Candice ne lui laissa pas de répit, puisqu'elle devenait insupportable, elle ne suivait plus les études et commençait à creuser un trou pour s'y enfoncer. Sa mère décida de l'emmener faire une cure de désintoxication, et celle-ci eut un effet positif sur Candice, puisqu'elle s'arrêta pendant un moment, le bonheur lui souriait, elle rencontra un agent de mannequins, très intéressé par le profil de la jeune femme, jolie brunette, taille de guêpe et jolie bouille d'ange. Bref, alors âgée de dix-huit ans, elle accepta directement. Mais l'enfer recommença plus vite qu'elle ne l'espérait. Dans ce milieu, la drogue circule comme des lettres à la poste. Pour avoir de l'énergie, pour rester mince. Bref, la jeune femme retomba dans la drogue.

Désormais, Candice a vingt-deux ans, elle se bat en permanence contre ses démons. Elle est toujours mannequin, mais n'apprécie pas forcément cela, elle le fait pour avoir de l'argent, en plus de son petit job de barmaid, mais ce qu'elle aimerait vraiment, c'est reprendre ses études pour être actrice plus tard. Mais elle sait que si elle doit se remettre à ses études, il faudra arrêter la drogue, et ça, elle ne se sent pas prête à le faire seule, sans personne pour l'épauler..