Flic, flac, floc. Ce doux bruit qui éveille bien des souvenirs en la jeune fille qui marche, seule. Il pleut et c'est pas vraiment à Londres. Même en ce début du mois d'Aout. Une douce averse s'est abattue depuis quelques secondes sur la ville et c'est le sourire aux lèvres qu'Anastasya avance sur le trottoir. Certains pourraient se dire que la demoiselle est étrange, de sourire alors que la pluie lui dégringole sur le visage, lui bousille sa coiffure. Mais c'est superficiel. Elle aime la pluie. Le bruit qu'elle fait, l'atmosphère qu'elle dégage. Toute petite, elle se rappelle d'avoir passer des heures dans les bras de Maksim juste pour regarder la pluie tomber, par la fenêtre. C'est un son qui la rassure, qui la berce, qui la réveille. Tout dépends de l'endroit, de la situation. Plongée dans ses réflexions, la jeune blonde ne fit pas très attention où elle allait. A vrai dire, elle marchait sans trop de but. Elle avait encore quelques minutes devant elle avant d'aller le rejoindre et dès qu'elle avez vu la pluie, elle s'était mise à courir dehors pour la sentir. Sentir les gouttes d'eau s’entremêler entre ses longs cheveux, tomber sur sa nuque et glisser dans son dos. Peut être attraperait-elle un léger rhume mais qu'importe. Cette sensation valait beaucoup à ses yeux. Au bout de quelques minutes, ses pas la menèrent au point de rendez vous donné par Maksim.

Trempée de la tête au pied, Oksana poussa la porte et entra dans le bar où il l'attendait. C'était leur endroit. Ils s'y retrouvaient assez souvent. Juste pour partager un café, à l'abri des regards. Se regarder pendant des heures, discuter sans jamais ouvrir la bouche et puis, s'enlacer durant de longs moments. Elle aimait ces moments, c'était les leurs et personne n'avait le droit de s'immiscer entre eux. Maintes fois des gens avaient essayés, de les séparer. Mais ça leur avait été impossible. On ne sépare pas des jumeaux. C'est le sourire aux lèvres, qu'elle se rapprocha de son alter ego, tout doucement. Celui était de dos et elle voulait lui faire une surprise. Idée un peu idiote, puisqu'elle était la seule qui pouvait à cet instant, le rejoindre dans un endroit aussi paumé que celui ci. Lentement, elle se glissa derrière le jeune homme et elle posa doucement ses mains refroidies par la pluie, sur les paupières de ce dernier. Après quelques secondes, elle vient murmurer à son oreille : « - Devine qui est là ? ». Anya se mit à rire bêtement, de sa phrase. Et du se mordre les lèvres pour ne pas faire trop de bruit. Soudain, elle sentit que d'autres mains vint saisir les siennes, pour les enlever de là où elles étaient placés. Maksim se leva, les mains toujours accrochées à celle de sa jumelle et se plaça face à elle, un sourire éclatant dessiné sur ses lèvres. Elle se sentit fondre, comme à chaque fois qu'elle voyait ce sourire. Qu'il n'était destiné qu'à elle. Et elle se mit à lui rendre son sourire, avec une pointe de malice, non cachée. Il relâcha alors ses mains, pour venir cueillir un doux et chaste baiser. Encore un de ces petits rituels qu'ils avaient et que personne ne comprenait. Mais qu'importe, l'opinion des gens ne leur était pas importante. Puis, il se décala, et la laissa s'asseoir. A la place qu'il occupé avant qu'elle n'arrive. Anastasya une fois assise, attendit que son jumeau soit à ses côtés pour venir rechercher sa main et entrelacer leurs doigts, son regard fixé au sien. Beaucoup de gens qui les voyaient faire, sans les connaître, pourrait penser à un couple. Tant leurs agissements ressemblaient à ceux qu'avait un couple, l'un envers l'autre. Mais il n'en était rien.

Un silence se fit entre eux. Pas le genre de silence où l'on se sent mal à l'aise ou autre ressenti de ce genre. Non. C'était plutôt l'inverse. Dans leur silence, ils se sentaient bien. En symbiose même. Quelques secondes passèrent, puis quelques minutes. Avant qu'une serveuse vienne troubler la sérénité des deux jumeaux. « - Vous avez besoin de quelque chose ? ». Maksim détourna le regard vers la voix qui venait de s'élevait et fit mine de réfléchir, quelques secondes. « - Oui, deux cappuccinos avec un supplément de crème. Deux sucres pour l'un et trois pour l'autre. » La serveuse nota la commande sur son calepin avant de disparaître de son champ de vision. Le jeune homme reporta alors son regard vers Oksana et remarqua alors son état. Il la détailla du regard avant de sourire tendrement. « - Quand cessera tu d'être aussi insouciante ma Anya ? Tu vas encore être malade. Un rhume en plein été, si ce n'est pas singulier ça. ». Cette dernière se mit à rire, d'un rire léger. Elle avait l'habitude de ce côté protecteur mais ça l'a faisait autant rire. Puis, alors qu'elle caressait la paume de sa main, de son pouce, elle lui répondit sur le même ton : « - Quand la prophétie des Mayas sera justifier et que notre monde courra à sa perte. Autant dire que ça ne sera ni ce soir, ni demain. Peut être en 2012, qui sait. » Elle lui lança un clin d’œil avant de venir déposer un tendre baiser sur sa joue. La jeune femme appréciait d'être avec lui et de sa façon d'être avec elle. Ils étaient bizarres, incompris. Mais s'ils n'étaient pas aussi liés, ils ne pourraient survivre. Séparés de lui, elle avait l'impression d'avoir la respiration coupée, de ne pas pouvoir avancer. Alors qu'à ses côtés, tout était bien plus facile. Malgré le regard des gens. Jugement de valeur qui n'avait aucune importance à ses yeux. Depuis toujours, elle n'accordait aucun intérêt à l'opinion des autres, seul celle de Maksim comptait, à ses yeux.

Alors qu'ils avaient commandés il y a de ça quelques minutes, la serveuse vint enfin leur porter leurs boissons. Oks' afficha un sourire un peu gamin, comme à chaque fois qu'elle se retrouvait devant un cappuccinos. C'était un peu son pêché mignon. Le truc dont elle ne pouvait se passer. Elle lâcha donc la main de son frère pour aller la poser contre sa tasse, afin de sentir la chaleur qui s'en dégageait. Sous le regard de son frère, elle vint porter sa tasse à ses lèvres et en but une longue gorgée. Qui laissa une trace de crème sur le coin de ses lèvres. Que Maksim s'empressa de lui retire du bout des doigts. Il la laissa profiter de cet instant, avant de reprendre la conversation. « - Tu as fais quoi aujourd'hui ? ». Anastastya reposa la tasse devant elle avant d'y répondre, choisissant ses mots. Car ce qu'elle avait fait dans la journée, n'allait sûrement pas plaire à son frère. Mais elle ne pouvait lui mentir. « - J'étais avec Ethan. ». Ethan ou l'intrus. Selon Maksim. Le copain de sa jumelle. Il le détestait, ne pouvait le voir en peinture. Et ce malgré tout les efforts qu'il avait essayé de faire, pour Pandore. Mais non, il ne pouvait pas. Il l'a lui volé, l'a lui arraché, à mesure que le temps avançait et il ne pouvait le supporter. Personne n'avait le droit de la détacher de lui et surtout pas un anglais snobinard dans son genre. Mais elle en était amoureuse. Profondément amoureuse. Et Maksim, ne pouvait faire entrave à son bonheur. Il ne pouvait faire cette crasse à sa soeur. Alors, il encaissait. « - D'accord.. » Qu'aurait il pu dire d'autre ? Rien, il n'avait rien a ajouter de plus. Alors il avait juste acquiescé. Et s'était tu, laissant le silence les englober une fois de plus.

Mais ce silence le rendait un peu mal à l'aise. Enfin, surtout ses pensées alors, une fois de plus, il changea de sujet. « - Maman m'a appelé, en début de soirée. Elle voulait savoir comment on allait. ». A ses mots, le visage d'Oksana s'éclaira. Depuis qu'ils avaient quittés la Russie, ils n'avaient revu que très peu leur mère. Et en presque cinq ans, autant dire qu'elle lui manquait. Elle avait toujours été très proche de sa mère, étant la seule personne qui les avait élevé. Sa mère, Svetlana, était tombé amoureuse quelques mois avant leur naissance d'un soldat anglais. Une idylle quasi impossible et le savait, depuis le départ. Et juste après leur naissance, il avait quitté la Russie pour ne plus jamais revenir. Mais elle avait le deuil de cette courte et intense histoire. Parce que comment deux enfants de Nations bien différentes qui s'étaient fait la guerre pendant des années auraient ils pu s'aimer ? Ce n'était pas concevable. Il avait été son unique amour, le reste de sa vie ayant été consacré à ses enfants. « - Comment va-t-elle depuis la dernière fois ? Ont lui manque pas trop ? Elle a quelqu'un dans sa vie ? ». « - Elle va très bien, apparemment. Et si, ont lui manque. Autant qu'elle nous manque à nous. Et non, toujours personne dans sa vie. Et franchement, ce n'est pas vraiment le sujet qu'on aborde le plus souvent tout les deux. C'est plus un truc.. de filles ça. Je veux pas savoir avec qui maman sort ou couche, non merci. » Anya éclata de rire à la dernière phrase de son jumeau. « - Roh, ça va, fait pas ton rabat-joie. Une femme comme maman ne peut pas finir toute seule, voyons! Et si ça continue ainsi, je te jure que je retourne au pays pour lui trouver quelqu'un. ». « - Non, mais les visions d'horreur, non merci quoi. Qu'on me laisse en dehors de tout ça. Ah oui et tu ferrai quoi de moi hein, tu me laisserai tout seul ici, peut être ? » « - Beh non, tu me suivrai, naméoh! » « - M'ouais. » La jeune fille coupa toute discussion en venant déposer un baiser sur ses lèvres. Et remonta ses lèvres sur l'arrête de son nez pour en déposer un autre. « - Bien sûr que tu viendrai Maks, on peut pas être séparé tout les deux. » Il se mit à sourire, parce qu'elle avait raison. Il la suivrait, comme toujours. D'ailleurs, si il était là aujourd'hui, c'était par sa faute. C'est elle qui voulait découvrir l'Angleterre, elle qui avait voulu s'inscrire à l'université. Alors il était parti avec elle, avait découvert ce grand pays main dans la sienne et puis, ils s'étaient posés ici, à Londres et n'avait plus bougés. Ils y étaient bien. Oksana termina son cappuccino, tandis que son frère était perdu dans ses pensées. Elle leva les yeux vers le mur et lu l'heure qu'affichait l'horloge. Déjà 23h, elle était fatiguée. « - Dis, ça te dis qu'on rentre à l'appart. J'ai envie de rejoindre les bras de Morphée. » « - D'accord, on y va. » A ses mots, il se leva, l'entraînant avec lui. Déposa quelques livres avant de quitter l'établissement, sous la pluie et en route vers leur chez eux.